Carl-Ardy Dubois a été nommé directeur du Département de gestion, d’évaluation et de politique de santé (DGEPS) en juin dernier. Professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal depuis 2003, il s’est intéressé particulièrement à travers ses projets de recherche, à la gestion des ressources humaines et l’organisation des soins infirmiers.
Nous l’avons rencontré pour connaître sa vision du système de santé et services sociaux et de l’évolution des programmes du DGEPS.
Comment voyez-vous l’évolution des systèmes de santé sur les plans international, national et provincial?
Carl-Ardy Dubois voit une constante actuellement dans tous les systèmes de santé, ils sont en transition et font l’objet de nombreuses réformes. Il attribue cet état de fait à plusieurs lames de fond qui bouleversent notre société notamment :
- l’évolution démographique et épidémiologique particulièrement le vieillissement de la population qui entraîne son lot de multi-morbidités et de maladies chroniques.
- l’évolution technologique par exemple l’intelligence artificielle, qui ouvre tout un spectre d’opportunités, mais qui comporte plusieurs enjeux éthiques et économiques.
- les changements sociétaux amenés par exemple par les mouvements migratoires, l’évolution des rapports entre les sexes et entre les religions, les transformations des liens familiaux.
- les contraintes économiques, car le budget de la santé accapare une part de plus en plus grande du budget des états et force les gouvernements à toujours viser une plus grande optimisation des ressources.
Tous ces changements ont un impact sur les clientèles à prendre en charge, sur l’organisation et la dispensation des services ainsi que sur les pratiques de gestion.
Comment voyez-vous l’évolution des programmes du DGEPS dans les 10 prochaines années?
Selon Carl-Ardy Dubois, les programmes du DGEPS doivent continuer à évoluer sur plusieurs plans pour s’adapter aux nouvelles réalités du réseau de la santé et des services sociaux notamment en ce qui a trait :
- au contenu des programmes qui doit être axé sur le développement des compétences en lien avec les enjeux stratégiques du réseau de la santé et des services sociaux, par exemple, l’optimisation des ressources et la performance, la gestion des ressources humaines (travail en équipe, gestion sur plusieurs sites, intelligence émotionnelle) ainsi que la gestion de projets complexes.
- aux méthodes d’apprentissages, l’accent traditionnellement mis sur l’acquisition de connaissances par un enseignement magistral doit laisser une plus large part à des méthodes d’acquisition de compétences en misant sur l’analyse de cas, des études de situations réelles, des présentations thématiques par les étudiants et des projets d’intervention dans le milieu. L’apprentissage par compétences implique aussi une évolution des modes d’évaluation qui doivent intégrer de nouveaux outils comme des journaux de bord ou le développement d’un portfolio de compétences.
- au format des programmes qui doit évoluer pour s’adapter à diverses clientèles, notamment les cadres en exercice. La formation de la relève des cadres est actuellement un enjeu majeur qui doit amener à repenser le format de nos formations. Le Département est actuellement en train d’examiner la possibilité de développer un programme de maîtrise avec des formations qui pourraient se dérouler une fin de semaine de 4 jours par mois. Les technologies de l’information comme les cours en ligne peuvent être aussi utilisées pour diversifier l’offre de formation. Le programme doit aussi miser sur le continuum de formation intégrant les microprogrammes, le DESS et la maîtrise pour renforcer son attractivité.
- aux enseignants qui ne sont pas exclusivement des professeurs poursuivant une carrière académique. Le Département veut laisser une plus grande place aux praticiens de terrain et aux leaders du réseau de la santé et des services sociaux.
Le DGEPS accueille en 2017-2018, 70 étudiants, une augmentation par rapport aux dernières années. Environ la moitié sont inscrits dans le programme de maîtrise, les autres sont au DESS et dans les microprogrammes. Plusieurs de ces étudiants sont des professionnels ou des cadres en exercice, certains sont en réorientation de carrière et près de 30% sont des étudiants étrangers.
Le département se distingue des autres formations en gestion de la santé du fait de la spécificité de son programme et de ses enseignants axés essentiellement sur le système public de santé.
En terminant, nous abordons la question de l’association des diplômés. Carl-Ardy Dubois considère que l’association est un instrument important de liaison entre le département et le réseau particulièrement pour des activités de transferts de connaissances et de mentorat. Il convient cependant que les liens entre l’association des diplômés et le DGEPS ainsi qu’avec l’école de santé publique peuvent être renforcés.